Le Haut-Couserans, territoire sauvage et montagneux d’Ariège regroupe quarante et une estives. Des Pyrénées, elles sont les plus prédatées par l’ours. Mais le plantigrade n’est pas le seul responsable des menaces faites au pastoralisme, pratique séculaire de l’agriculture de montagne. L’estive, prairie agricole en altitude, n’est plus cette douce carte postale aux accents d’Heidi et l’animal est devenu l’enjeu des multiples visions de la montagne et de notre lien à la nature et au vivant. Touriste, chasseur, agriculteur, naturaliste ou faune sauvage, chacun à son modèle vertueux qui élimine l’autre. Les berger-es, gardien-es des bêtes et des lieux, sont au cœur de ce fragile équilibre comme de mes questions, mes craintes ou mes espoirs. Depuis presque une décennie, je monte les rencontrer, pour redescendre chargé des images, de mes doutes et mes émerveillements.