Free doors to spain

2009 -2012
52 photos



3 villes, 3 pays, 3 langues du Nord au Sud de l'Espagne : Ceuta, Le pas de la case et Gibraltar. 3 territoires comme un miroir déformant de notre Europe qui nous force à nous interroger sur le fonctionnement de notre société et sur le glissement inexorable de l'Europe du pouvoir politique au pouvoir économique. Avec un PIB réuni de 4,75 milliards d'euros pour 100000 hab regroupés sur à peine 35km2, cela fait un ratio par habitant parmi les plus fort au monde. Ces villes sont à la marge de l'Europe, tout en faisant partie. Hors de l'espace Schengen, elles sont liées à l'UE mais s'affranchissent grandement des règles économiques, monétaires et environnementales.


Dans ces lieux, la société de consommation est poussée à sa caricature. Produits financiers douteux, paradis fiscaux, bulles spéculatives, relations diplomatiques controversées, trafics plus ou moins légaux ont fait et font toujours la richesse de ces territoires


Mais à quel prix ? Si ces villes ont su tirer profit de leur particularisme géographique et politique, ici, pas de droit du travail, c'est la loi du plus fort qui domine. D'après une estimation, 8 % du patrimoine financier mondial des ménages se trouvait en 2013 dans les paradis fiscaux (Cf Daniel Zucman). La manne financière qui traverse ces paradis fiscaux ne profite pourtant que très peu a ses habitants et les inégalités y restent profondes. La vie dorée n'est pas pour tous ici. Pour une poignée qui fait fortune combien détruisent leur santé et leur vie pour quelques miettes de cette insolente richesse.


Une fortune construite sur les paradoxes de l'Europe, participant par la fuite des capitaux, et des entreprises à la crise majeure que connait le continent. Si les frontaliers sont souvent ravis des économies réalisées sur les produits détaxés ou les emplois de service associés qui s'y développent, les conséquences sont dramatiques pour l’avenir à un echelon national ou européen et, comme souvent, ce sont les populations de tous les autres pays, riches ou pauvres, qui en sont les premières victimes.

Ce projet a reçu le soutien du CNAP (Bourse à la photographie Documentaire)